Docteur Raphaël Blanc bonjour. Vous êtes neuroradiologue au centre hospitalier universitaire
Henri Mondor de Créteil.
Votre pratique vous amène à utiliser diverses techniques d’imagerie médicale parmi lesquelles
la tomodensitométrie. Pouvez vous nous présenter cette technique ?
La tomodensitométrie est une technique radiologique. Elle est, tout comme la radiographie, basée sur l’utilisation des rayons X. Elle repose donc sur le principe de l’absorption différentielle des rayons X par les tissus, principe que nous avons explicité lors de l’étude de la radiographie (voir l'interview "radiographie").
Le terme de scanner est souvent employé pour désigner cette technique. N’y a-t-il pas une confusion ?
En effet, le mot scanner désigne l’appareil utilisé pour réaliser l’examen.
Il se compose d’une table mobile sur laquelle le patient est allongé et d’un tube émetteur de rayons X qui tourne autour du patient. Voilà comment cela fonctionne:
Des détecteurs mesurent l’intensité des rayons émis par le tube.
A l’opposé, des récepteurs, constitués de capteurs numériques enregistrent l’intensité reçue, après passage à travers le corps du patient.
Ce dispositif est relié à un ordinateur qui va traiter ces données numériques. La différence entre l’intensité des rayons incidents et celle des rayons émergents, calculée pour différents angles, permet d’obtenir une image en niveaux de gris.
Etant donné que les rayons pénètrent perpendiculairement au grand axe du corps, les images obtenues sont des coupes horizontales.
Comment se déroule l’examen ?
Le patient est toujours en position allongée. Pour explorer toute une région,
par exemple l’abdomen, nous réalisons une succession de coupes. Pendant que le tube tourne et émet le rayonnement, la table se déplace à vitesse constante sur une infime distance à chaque fois.
Les images sont visualisées en temps réel, sur une console informatique, par le technicien manipulateur en électroradiologie médicale. Elles sont ensuite interprétées par le radiologue.
Quel est l’avantage de la tomodensitométrie par rapport à la radiographie ?
Souvenez vous que l’image radiographique est une vue projetée où tous les organes se superposent dans un même plan.
Le scanner, lui, délivre des vues en coupe. Sauf que le traitement informatique d’une succession de coupes permet de reconstruire une image en 3 dimensions. Le médecin dispose ainsi d’un outil précieux pour localiser et évaluer la profondeur d’une lésion par exemple.
En outre, l’image scanner possède une meilleure résolution en contraste.
Je suppose que, comme pour la radiographie, on peut être amené à utiliser des produits de contraste ?
En effet, les tissus radio-transparents ne peuvent être révélés que par l’utilisation de produit de contraste. Cette reconstruction des artères cérébrales, par exemple, n’a pu être réalisée que par l’injection d’un produit de contraste à base d’iode.
En quoi consiste l’endoscopie virtuelle ?
Il faut savoir que la puissance d’un scanner réside grandement dans le traitement informatique qui lui est associé. Grâce à cela, le médecin peut reconstruire des plans de coupe … superposer des tissus … et ainsi naviguer dans le corps reconstruit du patient.
L’endoscopie virtuelle, comme son nom l’indique, est une façon non invasive d’observer l’intérieur d’un conduit, comme les bronches sur cette séquence.
Cette technique récente nécessite un scanner spécifique – dit en mode spiralé – et un logiciel coûteux mais elle tend à se développer.
Quels sont les inconvénients de la tomodensitométrie ?
Comme cette technique utilise des rayons X, nous prenons les mêmes précautions que pour la radiographie, c'est-à-dire une limitation du nombre d’examens. Je précise que, les appareils sont de plus en plus performants et la quantité de rayonnement reçue par le patient n’est pas tellement plus importante que celle d’une radiographie.
Il existe aussi un risque d’allergie aux produits de contraste iodé mais il peut être limité.
Il reste enfin que, le scanner est un examen coûteux en matériel et en temps et qu’il faut veiller à rester dans le cadre de ses indications.
Docteur Blanc, je vous remercie.